vendredi 11 novembre 2011

Quand écoresponsabilité rime avec économie

On imagine souvent que pour organiser un événement écoresponsable, il faut disposer d’un budget important : l’écoresponsabilité, croit-on, engendre des frais supplémentaires qu’il peut être difficile d’assumer. Pourtant, rien n’est plus faux : lorsqu’il est bien planifié, un événement écoresponsable peut non seulement ne pas coûter plus cher qu’un événement classique, mais peut aussi permettre de faire des économies considérables, et ce, à différents niveaux.


Comment y parvenir?

La clé des économies, lorsqu’il s’agit d’inclure les principes de consommation responsable à l’organisation d’un événement, réside dans la bonne planification. En effet, c’est en tenant compte de l’écoresponsabilité et de ses principes dès le début du montage budgétaire qu’il deviendra possible pour l’organisateur de réduire les impacts négatifs de son événement tout en évitant des frais supplémentaires, et même en effectuant d’importantes économies. On peut parvenir à de telles économies en s’inspirant, par exemple, de la technique des 3R-V en gestion des matières résiduelles : en appliquant les principes de réduction à la source et de réemploi à chacun des postes de dépenses, on réduira de façon significative à la fois les coûts liés à un événement et ses impacts sur l’environnement.


Concrètement

Le planificateur peut réduire ses dépenses (et son impact sur l’environnement) à la source, en se posant les questions suivantes : ai-je vraiment besoin de ce produit ou de ce service? Est-il possible de louer plutôt que d’acheter? Existe-t-il une version réutilisable du produit dont j’ai besoin?

Lors d'un événement de 1500 participants, l’application de cette simple mesure pourrait permettre les économies suivantes[1] :

· 3 900 $ en privilégiant les inscriptions en ligne aux envois postaux

· 11 700 $ en évitant de fournir des sacs aux participants

· 1 950 $ en évitant de fournir un cahier de participant de 15 pages

· 12 187 $ en remplaçant les bouteilles de plastique par des pichets d’eau

· 975 $ en réutilisant des cocardes

· 30 000 $ en évitant de fournir une navette par le choix d’un lieu près de l’hébergement des participants

Le total des économies : 60 712 $ !


Couvrir les frais supplémentaires

À la suite de cet exercice, il peut arriver que certains coûts demeurent plus élevés pour un événement écoresponsable que pour un événement classique; on pense surtout aux frais liés au traiteur, les autres frais ayant tendance à être moins élevés lors d’un événement écoresponsable que lors d’un événement classique. Pour amortir ces dépenses supplémentaires, il est possible pour le planificateur de procéder à la recherche de commanditaires qui voudront s’identifier comme ayant participé à faire de l’événement un événement « vert ». Dans ce cas, l’ajout d’une catégorie « écoresponsabilité » au plan de commandite permettra de couvrir les frais engendrés par le volet responsable de l’évènement.


Marie-Claude Dufour


[1] MPI, May 2003, Volume 23, Number 5, The Meeting Professional, article written by Amy Spatrisano, CMP and Nancy Wilson, CMP


jeudi 13 octobre 2011

En manque d’inspiration pour la création d'un événement écoresponsable? Optez pour un greenstorming!

Votre comité organisateur et vous êtes en panne d’idées? Vous êtes confrontés à un problème qui semble insoluble? Vous faites face à une impasse? Un petit brainstorming ou remue-méninges en équipe vous remettrait probablement sur le droit chemin. À moins que vous préfériez un greenstorming ?

Non sans rappeler la technique bien connue de résolution créative de problème qu’est le brainstorming, le greenstorming ou charrette d’idées est de plus en plus utilisé à différentes sauces. Cette technique est simplement une sous-catégorie du brainstorming traditionnel où l’on se regroupe pour échanger des idées originales et créatives, mais appliquées à une problématique environnementale. Pouvant être utilisée à différentes étapes de l’élaboration d’un projet ou comme atelier offert aux participants lors d’un événement, cette technique amène un vent de fraîcheur à ceux qui se prêtent au jeu.

Brainstorming : un coup d’oeil

C’est en 1953 que la méthode du brainstorming a été popularisée par Alex Faickney Osborn dans son livre Applied Imagination. Deux principes de base caractérisent cette technique de génération d’idées : 1) la suspension de tout jugement et 2) la recherche la plus étendue et variée d’idées.

La méthode de base est fort simple :

  1. La préparation. La réunion doit être bien organisée, la documentation préparée, les thèmes établis. Normalement, c’est « l’animateur » du brainstorming qui s’assure que tout est prêt et que tous ont les éléments nécessaires pour participer pleinement au brainstorming.
  2. La pensée divergente ou créative. À cette étape, on vise la quantité d’idées (et non la qualité). Pour ce faire, il est primordial de laisser les idées préconçues, l’autocensure et les critiques à la maison. Ils ne sont pas les bienvenus! Chacun doit générer des idées et les exprimer sans réserve, même celles qui sortent de l’ordinaire… Surtout celles qui sortent de l’ordinaire! Il faut sauter sur les idées des autres, s’en inspirer, surfer sur les concepts les plus originaux et repousser votre imagination toujours plus loin. Osez!
  3. Synthèse. C’est le moment d’exploiter les idées recueillies, de les analyser, les classer, les catégoriser ou les hiérarchiser, de les disposer sous une forme schématisée ou dans une grille de décision, de les ordonner en termes de priorités ou selon un calendrier, etc.

Variantes

Une courte recherche sur internet suffit pour trouver plusieurs versions, variantes et améliorations de la technique du brainstorming traditionnelle. Il y a les mises en situation incluant le changement de rôle (si tu étais Mr X, comment verrais-tu la situation?), les voyages dans le temps (qu’est-ce que ce serait dans le futur? dans le passé?), la forme dessinée, la forme écrite (chacun écrit un mot sur un bout de papier et le passe à la personne de droite), le brainstorming à distance, à thèmes, à buts multiples ou en petits groupes… Pour n’en nommer que quelques exemples.

Le Greenstorming

Toutes ces techniques d’idéation créative peuvent s’appliquer à un remue-méninges « vert ». L’objet ou le thème doit simplement porter sur une problématique environnementale. Cela peut être la résolution d’un problème urbain (ex. : réduction des déchets), la création d’un objet ou d’un concept sur le thème du développement durable, l’élaboration d’un nouveau projet de quartier, l’organisation d’un événement écoresponsable, la gestion écoénergétique d’un bâtiment, la mise en place d’un programme de développement durable dans une entreprise, etc. Il n’y a pas de limite à son utilisation. Là où il y a désir d’innovations « vertes », il y a place au greenstorming.

Ces charrettes d’idées sont de plus en plus utilisées pour favoriser la participation citoyenne dans la conception et l’élaboration de divers projets. Par exemple, en août dernier, dans le cadre du Sommet Mondial Écocité, une telle charrette d’idées a été mise sur pied afin de trouver une nouvelle vocation à un terrain vague de 400 000 pieds carrés dans l’est de Montréal.

À la fois pédagogique, ludique et créatrice, cette tempête d’idées, lorsque bien menée, peut être d’une grande utilité. Soyez imaginatifs!

Anne-Sophie Gousse-Lessard pour Écologistik

vendredi 16 septembre 2011

UN ÉVÉNEMENT À CONTENANT ET CONTENU RESPONSABLE!

ÉCOCITÉ : LE SOMMET MONDIAL À MONTRÉAL

Imaginez une ville où les espaces verts dominent le paysage, où le système de transports collectifs est hautement performant et où l’agriculture urbaine est chose commune. Une ville pratiquement exempte de matières résiduelles et où les citoyens participent quotidiennement aux prises de décisions quant à la gestion des affaires urbaines… Est-ce un rêve pour un lointain futur? Et bien non! Une telle cité basée sur l’écologie et centrée sur les personnes n’est pas une utopie, la 9e édition du Sommet Mondial Écocité en témoigne bien. En effet, à cette occasion, plusieurs experts, universitaires, décideurs, citoyens engagés et organismes s’efforçant de trouver des solutions aux problèmes urbains se sont réunis afin de faire le point sur les avancées dans le domaine de l’urbanisme écologique. Ce fut une occasion unique pour les visiteurs et participants de s’informer sur ce domaine et de participer à ce dialogue mondial sur l’avenir des zones urbaines.

Le Sommet, en quelques mots

Le Sommet Écocité 2011, le premier à être tenu au Canada, s’est déroulé du 22 au 26 août dernier, au Palais des congrès de Montréal. L’organisateur et organisme hôte de ce sommet était le Centre d’Écologie Urbaine de Montréal (CEUM). Plus de 1500 délégués provenant de 280 villes de 70 pays y ont participé. Lors de cet événement se sont succédé des panels de maires, des charrettes de design, un GreenStorming, plus de 60 sessions simultanées, des discussions et ateliers animés, des présentations d’affiches, des projections de films, des activités artistiques et culturelles, etc. Plusieurs grandes conférences ont permis de présenter des solutions concrètes basées sur la recherche de pointe et contribuant à l’élaboration et à la gestion des écocités. Ces grandes conférences offertes par des panels multidisciplinaires spéciaux portaient sur les six thèmes transversaux suivants :

1) Changements climatiques et écocités

2) Écomobilité, aménagement urbain et espace public

3) Gouvernance et démocratie dans une écocité

4) L’économie d’une écocité

5) Santé et environnement bâti

6) Biodiversité et agriculture urbaine

Pour en savoir plus sur les thèmes transversaux, cliquez ici.

Écocité : un contenu « vert », un contenant écoresponsable

Un tel événement portant sur le développement durable de nos villes se devait de prêcher par l’exemple. Des mesures écoresponsables ont donc été mises en place tout au long du Sommet. Tout d’abord, le choix de l’emplacement. Le Palais des congrès de Montréal a obtenu en 2009 le troisième niveau de certification BOMA BESt qui certifie une performance supérieure et l’excellence quant à la gestion environnementale de l’immeuble. Parmi les innovations vertes du Palais des congrès, notons par exemple ses mesures d’efficacité énergétique, ses achats de produits écologiques certifiés et biodégradables ainsi que son tout nouveau toit vert (projet Culti-Vert). De plus, les organisateurs du Sommet voulaient que leur événement soit carboneutre et zéro déchets. Pour ce faire, il leur a fallu réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) ainsi que l’utilisation des ressources tout en promouvant la valorisation des matières résiduelles. Les mesures écoresponsables ont été appliquées à plusieurs niveaux :

  • Accessibilité des installations et transport.
  • Hébergement (p.ex. : les hôtels ayant des programmes écoresponsables ont été privilégiés).
  • Services alimentaires (p.ex. : en favorisant l’achat de produits locaux, bios et équitables)
  • Fournisseurs (p.ex. : produits verts et locaux).
  • Communications : en sensibilisant les participants et partenaires à l’importance de l’écoresponsabilisation. De plus, les affiches étaient inscrites avec de l’encre végétale sur du papier recyclé.
  • Recyclage et compostage
  • Mise sur pied d’une équipe verte répondant aux questions liées à la mise en œuvre des stratégies écoresponsables de l’événement.

De plus, les organisateurs du Sommet ont invité les participants à retourner leur porte-nom et fourniture non utilisée afin que ces derniers soient remis à des groupes communautaires. Finalement, les émissions de gaz à effet de serre attribuable à l’événement seront compensées par l’achat de crédits de carbone.

Bilan

L’événement s’est terminé par un appel à l’action. Dans le bilan du Sommet mondial Écocité 2011, on retrouve au moins six défis que doit relever Montréal afin que cette grande métropole amorce sa réelle transformation en écocité. Il faudra notamment freiner l’étalement urbain tout en prévenant les îlots de chaleur à l’aide de mesures favorisant le verdissement et l’agriculture urbaine. Il faudra également investir davantage dans des services de transports collectifs permanents et hautement efficaces. Finalement, une plus grande place devra être faite aux citoyens dans les processus décisionnels quant à la gestion des villes.

Comme le dit si bien Jayne Engle-Warnick, vice-présidente du CEUM : « les villes, ici et ailleurs dans le monde, font face à des défis énormes avec des ressources limitées, mais […] les villes sont également au cœur des solutions afin de faire face aux enjeux globaux tels les changements climatiques et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion.». Il est donc possible de vivre en ville tout en ayant un mode de vie en accord avec la nature. Il reste à souhaiter que nous élus en prennent bonnes notes…

Pour en savoir plus sur l’écologie urbaine et sur le Sommet, je vous invite à visiter le site du CEUM ainsi que le dossier spécial sur GaïaPresse. Une page Facebook est également dédiée au Sommet.

Anne-Sophie Gousse-Lessard pour Écologistik



Anne-Sophie Gousse-Lessard pour Écologistik