Le discours écolo est partout : La
situation climatique est précaire, il faut changer nos habitudes! Alors, à
quand la grande révolution verte? Bien qu’une vaste partie de la population
soit au courant de la problématique environnementale globale, force est de
constater que cette connaissance ne se transforme pas nécessairement en un
changement de comportements. La révolution devra attendre. Pourquoi est-ce
si dur de changer? Voici quelques explications possibles…
1.
Manque d’informations et éducation
Nous ne possédons
pas toutes les mêmes connaissances quant aux différentes problématiques
environnementales : changements climatiques, désertification,
détérioration de la biodiversité, ressources raréfiées, pollution, monocultures,
réduction des terres humides, alouette ! On dirait une liste d’épicerie de
problèmes à résoudre. Il est normal de ne pas tout connaître. Mais
l’information est à la base du changement. Soyez curieux, fouillez! Il existe
une tonne de documents, de recueils de vulgarisation scientifique, d’articles
et de guides écolos portant sur diverses problématiques. Des organisations
environnementales locales et provinciales sont aussi là pour répondre à vos
questions et vous aider à cheminer : Équiterre,
les différents Conseil général de l’environnement (ex : CRE-capitale nationale), vos Éco-quartiers,
etc. Celles-ci ainsi que plusieurs universités proposent aussi des conférences
ouvertes au grand public. Elles sont un excellent moyen d’acquérir des
connaissances de base sur l’environnement. Plaisir garanti!
Les entreprises
et organisations ne sont pas en reste. Des conseillers en efficacité
énergétique, en gestion environnementale en entreprises ou en gestion
d’événements écoresponsables (comme Écologistik!) sont là pour vous donner une
foule d’informations et vous aider à réduire l’empreinte écologique de votre
entreprise. Bref, être bien informé peut nous aider à changer.
2.
Motivation et sentiment d’auto-efficacité
Savoir qu’il faut
agir est une chose, vouloir agir en est une autre. Alors que deux personnes peuvent
avoir les mêmes connaissances sur les problématiques environnementales, l’une
peut être très motivée à changer et à agir de façon écoresponsable alors que
l’autre s’en fout totalement. Les connaissances ne suffisent donc pas. La
volonté et la motivation sont très importantes. Il y a aussi le problème de « démotivation »
lié à la connaissance de la situation climatique. En effet, certaines personnes
développent un fort sentiment d’impuissance face à toutes ces problématiques
environnementales. La planète va mal, qu’est-ce que moi, minuscule individu
face à la Terre, peux bien y faire?
Pour éviter le
découragement, René Dubos, un célèbre agronome et biologiste français, vous
dirait de penser globalement, mais d’agir localement. Cette maxime bien connue
en environnement signifie d’une part que l’environnement ne connaît pas de
frontière. Tout est relié. Ce que l’on fait ici a des conséquences à l’autre
bout du monde. Ça veut également dire que vos initiatives vertes locales (à
l’échelle de votre famille, votre ruelle, votre quartier, votre entreprise) ont
des impacts positifs sur la planète entière. En d'autres mots, tous les comportements
sont importants. Le changement de vos habitudes, aussi petit soit-il, est
nécessaire et fondamental. Vous faites la différence. Voilà pour votre
sentiment d’auto-efficacité!
3.
Oui, mais ça coûte cher
Le discours vert
passe souvent par la consommation. Un produit doit être biologique, équitable,
local, sans emballage plastique, écoénergétique, biodégradable, compostable,
recyclé, recyclable. Ouf! L’argument économique est souvent utilisé pour
justifier notre résistance à changer nos habitudes de consommation, mais est-ce
que les produits « verts » sont vraiment plus chers? En fait, pas
tout le temps, et de moins en moins. Le marché des produits écologiques est de
plus en plus ouvert et accessible à nos portefeuilles serrés. En fait, les
individus, les organisations et les entreprises gagnent souvent à adopter une
stratégie environnementale globale, notamment sur le plan énergétique.
Une
petite mise en garde aux consommateurs est toutefois de mise. Plusieurs
produits sont maintenant présentés comme étant verts et 100 % naturels. Les
pros de la publicité nous vantant même les propriétés naturelles d’une assiette
d’aluminium (bien quoi, l’aluminium est un élément naturel du tableau
périodique non?). De grâce, usez de votre esprit critique. Ce n’est pas parce
que c’est écrit que c’est vrai. Il faut savoir qu’il existe des certifications
écologiques et logos qui vous assurent de faire les meilleurs choix possibles [1]
[2]
[3].
Pour les plus curieux, je vous conseille de lire le livre « Le grand mensonge vert », un
livre plein de surprises qui suscitera chez vous une remise en question de
vos croyances quant aux produits de consommation écologique.
Bref,
bien que les produits écologiques et écoénergétiques soient de plus en plus
abordables et même rentables, le manque d’argent peut parfois demeurer un frein
au changement de nos comportements. Nous devons alors faire des choix, budgéter,
choisir nos produits de façon judicieuse et rester critique… Pour ce faire,
rien de mieux qu’être bien informé (voir point 1) !
Et
le politique!
Parfois,
ce sont les politiques de nos gouvernements ou l’absence d’une réelle volonté
politique qui fait en sorte qu’on résiste à changer. L’environnement est
partout, il fait partie de nous, ou plutôt nous faisons partie intégrante de
celui-ci. Dans un monde parfait, l’environnement devrait donc être au coeur de
toute politique et réglementation, que ce soit au niveau municipal, régional,
provincial ou national. Après tout, on a beau avoir les connaissances, un
certain niveau de motivation et un budget, s’il n’y a pas de réglementation
pour encadrer la vente et la consommation, pas de lois pour encadrer les
pratiques environnementales dans les grandes entreprises, ni de programmes pour
faciliter l’accès aux transports en commun, pour encourager les constructions
écoénergétiques ou pour enseigner l’agriculture urbaine, par exemple, il
demeure difficile de changer. Bref, en l’absence d’incitatifs, de programmes et
de règlements clairs et manifestes, une partie de la population continuera de
résister au tournant vert.
La
société, c’est long à changer
L’éveil des
consciences se fait pas à pas, soutenu par des citoyens, des organismes et des
entreprises qui ont l’avenir de la planète à cœur. Les acteurs de la société
civile (vous, moi, votre voisin) doivent continuer de s’informer, de poser des
questions et de manifester leur désaccord lorsque les politiques ne coïncident
pas avec leurs valeurs. Les pouvoirs de la société civile sont souvent
sous-estimés, mais l’histoire nous l’a bien montré : de grands changements
sociaux ont vu jour grâce à la mobilisation citoyenne.
***
En résumé, en connaissant
les raisons possibles qui freinent le changement de nos comportements, il devient
alors plus aisé de changer et aussi, d’aider les autres à changer. Mais ça,
c’est une autre histoire (à suivre…)
Anne-Sophie
Gousse-Lessard pour Écologistik
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