Le marché alimentaire
étant ce qu’il est devenu, c’est-à-dire ouvert sur le monde, on peut maintenant
se régaler de fraises à l’année. Ail de Chine, bananes du Costa Rica et viandes
des États-Unis font bel et bien partie de notre quotidien. Plus besoin de
suivre les saisons et d’attendre pour manger ce que l’on désire! Est-ce une
bonne chose? Alors que certains se réjouissent de la disponibilité des aliments
à l’année longue, d’autres s’interrogent sérieusement sur les conséquences sociales,
environnementales et économiques de cette concurrence alimentaire mondiale. Sachant
que l’assiette des Québécois est composée seulement de 33% de produits issus de
l’agriculture d’ici (contrairement à 78% il y a 25 ans), il y a peut-être lieu
de s’inquiéter. Dans ce contexte, plusieurs affirment que la société devrait se
tourner vers l’alimentation locale. Coup de marketing ou un réel changement prometteur ?
Manger
local, c’est quoi ?
Sans surprise, manger local signifie consommer des produits ayant parcouru le moins de kilomètres possible pour se rendre jusque dans notre assiette. Cela comprend les bons légumes de votre propre potager ainsi que les achats de produits régionaux ou provenant du Québec dans son ensemble.
Sans surprise, manger local signifie consommer des produits ayant parcouru le moins de kilomètres possible pour se rendre jusque dans notre assiette. Cela comprend les bons légumes de votre propre potager ainsi que les achats de produits régionaux ou provenant du Québec dans son ensemble.
Pourquoi
préférer le local ?
Pour
le goût.
En tant qu’individu ou organisateurs d’événements, ce
que l’on recherche avant tout, c’est la qualité et la fraîcheur de nos
aliments. On veut avoir du plaisir à manger sainement! Ça tombe bien, car
l’alimentation locale nous procure des aliments savoureux d’une grande qualité.
Ils sont aussi plus nutritifs puisque cueillis à maturité et qu’ils ont passé
un temps limité dans les transports. Avouez qu’aucune fraise importée n’arrive au
pédoncule des fraises juteuses et sucrées du Québec!
Pour
notre environnement. Selon le Ministère de
l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)
et Statistiques
Canada, il faut en moyenne 2500 km pour qu’un
aliment se retrouve sur nos tablettes! Consommer local est donc un bon moyen de
diminuer les kilomètres parcourus tout en minimisant les émissions de gaz à
effet de serre (GES). L’entreposage et la commercialisation demandent aussi
moins d’énergie. De plus, les aliments locaux nécessitent moins d’emballage
pour arriver à notre assiette. Considérant que chaque Québécois produit environ
400 kg de déchets par an [1],
cet impact n’est pas à négliger. Autre point important : cultiver des
légumes « hors-saison » en hiver au Québec, même s’ils sont produits
localement, demande beaucoup plus d’énergie que de les cultiver sur nos terres
en saison. Manger local, c’est donc aussi se reconnecter avec la nature et avec
le temps qui passe. C’est respecter le cycle des saisons. Équiterre met
d’ailleurs à notre disposition un calendrier des récoltes [2]
afin de nous aider dans nos achats responsables. Bref, manger local est un
moyen efficace de diminuer la pression exercée sur la nature par notre
consommation et donc de réduire notre empreinte écologique !
Pour notre communauté. Les
impacts sociaux sont également nombreux. Puisque les produits locaux se font
relativement discrets chez les grandes chaînes alimentaires, consommer local nous
pousse souvent à entrer en contact direct avec les producteurs. Un lien de
confiance se crée alors entre nous et ces travailleurs de la terre. Le
consommateur s’attache ainsi davantage à sa communauté. Cette proximité permet
également d’avoir un impact réel sur la production des aliments. Comment ?
En l’absence d’intermédiaire, nous pouvons poser des questions directement aux
producteurs, faire des commentaires sur les aliments, leur dire ce que nous
apprécions le plus et ainsi influencer la production.
Pour notre économie. Sans surprise, l’alimentation locale
amène également son lot de bénéfices économiques. Le marché mondial mine les
secteurs locaux en les soumettant à une concurrence féroce. Par nos achats
responsables, on investit dans notre communauté et on contribue à l’essor
économique de la région. Du même coup, on participe à la création d’emplois. Le
MAPAQ affirme d’ailleurs que « si chaque consommateur ajoutait seulement pour
trente dollars par année d’aliments québécois à son panier d’épicerie, ce geste
entraînerait une augmentation de plus d’un milliard de dollars des ventes de
produits alimentaires du Québec en cinq ans ».[3]
De quoi dynamiser l’économie locale !
Pour notre sécurité alimentaire. La
sécurité alimentaire fait référence à « la disponibilité et à l’accessibilité
des aliments de qualité et en quantité suffisante pour une population donnée ».[4]
Assurer notre sécurité par l’accroissement de notre autonomie alimentaire apparaît
de plus en plus comme une nécessité. La production locale peut nous aider face
à l’incertitude des marchés internationaux, à la hausse des prix des denrées
alimentaires, aux problèmes liés à l’industrialisation de l’agriculture et aux
dangers de notre dépendance aux exportations. Dans une plus large mesure, la
souveraineté alimentaire, c’est-à-dire le droit d’un État de définir sa propre
politique agricole et alimentaire, semble également être nécessaire afin
d’assurer notre sécurité alimentaire. Le MAPAQ a d’ailleurs récemment dévoilé
sa nouvelle politique de souveraineté alimentaire qui privilégie entre autre la
production locale.[5]
Curieux d’en connaître plus sur ce sujet? Plusieurs
sites existent dont celui de la Coalition
souveraineté alimentaire, du MAPAQ
et de l’Union des producteurs agricoles (UPA).
Sensibilisation à
l’alimentation locale : des initiatives importantes.
Ça y est,
vous êtes décidé ! Vous tenez à vous procurer davantage de produits locaux,
pour votre famille et vos événements. Voici une liste non exhaustive d’idées et
de ressources pour y arriver.
L’agriculture
urbaine [6],
c’est-à-dire la culture de plantes ou l’élevage d’animaux en ville est une
avenue intéressante. Potagers personnels, jardins collectifs et communautaires,
fermes sur les toits sont de plus en plus accessibles. Mettez la main à la
terre! Vous pouvez aussi tenter de privilégier les circuits courts de
commercialisation alimentaire [7]
et l’agriculture soutenue par la communauté.[8]
Marchés publics, fermiers de famille,
ventes à la ferme et marchés virtuels tel l’ÉcoMarché de solidarité
régionale sont quelques exemples d’initiatives qui
réduisent le nombre d’intermédiaires entre vous et votre festin. Plusieurs
coopératives, restaurants et épiceries vous offrent également des produits
locaux. Pour vous y retrouver, Équiterre
met à votre disposition un répertoire d’endroits mettant en vedette les
produits bien de chez nous. Le web documentaire « Épluche ta ville »
est également une ressource inspirante pour les consommateurs de la métropole. Les
Aliments du
Québec vous offre aussi un répertoire de produits
de notre belle province.
En bref!
L’agriculture
fait face à des défis de taille. L’alimentation locale semble être un moyen
efficace pour assurer la pérennité de cette industrie tout en respectant
l’environnement, en améliorant notre
relation avec la nature et nos producteurs d’ici, et en contribuant à l’essor de
notre économie. Heureusement, le changement de culture s’accélère de plus en
plus grâce aux initiatives de gens soucieux de notre avenir. L’alimentation
locale est un premier pas nécessaire vers une consommation responsable globale.
Mangeons local, et pourquoi pas aussi équitable et bio.
Bon appétit!
Anne-Sophie Gousse-Lessard pour Écologistik
Bon appétit!
Anne-Sophie Gousse-Lessard pour Écologistik
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