Au Québec, 13 millions
de tonnes de déchets sont produites chaque année, ce qui classe les Québécois et Québécoises parmi les
plus gros producteurs de déchets par personne au monde. La production de
déchets au Québec équivaut à un camion de 25 tonnes par minute.
C'est pourquoi, depuis plus de dix ans, la Semaine québécoise de réduction des
déchets fait la promotion auprès des Québécois et Québécoises de l’approche 3R
(Réduction, Réemploi, Recyclage/Compostage) et plus particulièrement les gestes
de réduction et de réemploi pour gérer de manière écologique, économique,
locale et démocratique nos déchets-ressources. Cette année, nous pouvions retrouver à la programmation : conférences,
expositions, porte ouverte, actions de sensibilisation… Nous avons eu la chance,
au cours de cette semaine, de participer, dans un premier temps, à la visite de
l’incinérateur de Québec et, dans un second temps, à la conférence-midi L’emballage, nécessaire ou superflu?
Voici ce que nous avons retenu.
Visite de
l’incinérateur à Québec
L’incinérateur reçoit annuellement
environ 300 000 tonnes de déchets en provenance de la ville de Québec et des municipalités régionales de
comté voisines. De plus, nous avons découvert que les boues des deux stations
de traitement des eaux usées y étaient aussi acheminées pour y être déshydratées,
séchées et incinérées, ce qui représente 18 000 tonnes de boues par
année et pas moins de 400 000 $ de coûts de traitement!
Voici les différentes étapes de
traitement.
Dans un premier temps, les
camions de la collecte des déchets ultimes déversent leur cargaison dans la
fosse à déchets. Depuis la salle de contrôle, le contenu de la fosse est homogénéisé
à l’aide d’un grappin pouvant déplacer 5 tonnes de matière à la fois. Puis, à l’aide d’un pont roulant, les ordures
ménagères sont ensuite placées dans les entrées des quatre fours (chaudières)
pour y être incinérées.
Étonnamment, l’inflammation des
matières ne nécessite aucun combustible supplémentaire. Seule la répartition de
matières humides est à surveiller pour permettre la combustion la plus complète
possible. La chaleur (~1000 °C) produite par la chambre de combustion est
utilisée à sa sortie en partie pour le séchage des boues; l'autre partie est
convertie en vapeur. Ce ne sont pas moins de 810 000 tonnes de vapeur qui sont
ainsi produites par l’incinération des déchets. Une partie de celles-ci est
vendue à la papetière Papiers White Birch, située à
proximité.
La combustion des
déchets ultimes génère aussi des
fumées qui sont traitées tout au long de leur parcours par des dispositifs antipollution
et de deux produits réactifs : électrofiltres, dépoussiéreurs à manches,
chaux hydratée et charbon actif.
La composition des
fumées sortantes est contrôlée en continu. On y retrouve principalement O2,
CO, CO2 et HCl. Le
traitement des fumées produit 11 000 tonnes de résidus solides par année
qui sont acheminés vers des lieux d’enfouissement sécuritaires et autorisés.
L’incinération des
ordures et des boues produit 90 000 tonnes de cendres et de résidus qui n’ont
pas brûlé aussi appelés « mâchefers ». Ces résidus sont envoyés à Lévis
pour en extraire les métaux. Le reste sera acheminé vers le lieu
d’enfouissement technique de Saint-Joachim.
Il existe un comité de
vigilance depuis 2004, composé
de gens demeurant dans le voisinage de l’incinérateur, de représentants des
groupes environnementaux et socio-économiques ainsi que des représentants du
milieu municipal. Le comité a pour objectif de maintenir les nuisances de
l'incinérateur à son minimum.
Le coût annuel du
fonctionnement de l’incinérateur atteint 26 M$, soit un coût de traitement
de quasiment 100 $ par tonne de déchets, de quoi se motiver pour réduire
la quantité de matières en supprimant des bacs à ordures les déchets qui n’en
sont pas, comme les matières organiques qui peuvent être valorisées de
différentes façons. Nous vous donnerons quelques pistes de réflexion en fin
d’article.
Conférence-midi : L’emballage, nécessaire ou superflu?
L’emballage
a plusieurs rôles. Les principaux sont la protection, l’information et le
transport. S’en départir semble difficile. Alors, quelles solutions apporter?
La
conférence-midi a été présentée par Édouard Clément, directeur général de
Quantis, et Islem Yezza, directeur technique chez Cascades. Elle avait pour but
de nous faire réfléchir au développement d'un produit dans sa globalité, de son
projet jusqu’à sa mise sur le marché. Ce qui est le plus visible pour le
consommateur est, bien sûr, l’emballage ménager que l’on doit évidemment gérer
après son utilisation. Par contre, nous avons découvert que la fin de vie de
l'emballage n'est pas toujours la plus problématique dans le cycle de vie du
produit, mais plutôt la création de celui-ci. Le cycle de vie d’un produit se
décompose en plusieurs étapes :
· Extraction
des matières
· Fabrication
· Transport et
distribution
· Utilisation
· Gestion en
fin de vie (qui comprend l’emballage)
En effet,
on pourrait penser à première vue qu’utiliser du maïs soufflé pour
protéger/emballer un objet a beaucoup moins d’impact sur l’environnement que du
polystyrène. Ce n’est pas totalement vrai, car il faut prendre en compte le
cycle de vie en entier. Si l'on additionne l’eau nécessaire à la culture du blé
d'Inde, la récolte, le transport, l’énergie déployée pour la transformation en
maïs soufflé, en plus de la dimension éthique d’utiliser de la nourriture comme
emballage, au final, on observe une empreinte équivalente à celle du polystyrène.
Cela fait réfléchir quant à nos choix en tant que consommateur.
Une étude
de cas a été présentée sur l’exemple de l’emballage de courgettes dans un
contenant en styromousse. Lui aussi paraît, à première vue, avoir plus d’impact
que les mêmes courgettes non emballées et disponibles en vrac. En revanche, si
l’on observe plus de 3 % de pertes de matières premières (courgettes abîmées
lors de la manipulation, du transport et du stockage), l’empreinte écologique
est plus importante que l’emballage individuel en barquettes de mousse de polystyrène.
C’est
pourquoi les pistes pour optimiser l’emballage pourraient être les suivantes :
- Supprimer le suremballage;
- Eco-concevoir, par exemple, un film plastique adapté au contact avec l’aliment, facilement séparable d’un emballage cartonné contenant les informations sur le produit et le visuel marketing;
- Utiliser de nouvelles matières comme un emballage écologique à base de champignons;
- Repenser le design d’un emballage afin de limiter le
nombre de palettes de transport.
Valorisation
de nos matières organiques
Pour la ville de Québec, nous avons observé, entre
2002 et 2011, une augmentation de 62 % de la quantité de matières
destinées à l’incinérateur, alors qu’en proportion, la population n’a augmenté
que de 8 %. Sachant que 44 % des matières qui se retrouvent à
l’incinérateur sont des matières organiques, chaque foyer peut facilement
réduire ses déchets en mettant en place du compost individuel, ou en utilisant
les centres de compostage communautaire disponibles à Québec.
De plus, un projet de récupération de l’énergie par biométhanisation
est en cours. La biométhanisation est un procédé naturel basé sur la
dégradation par des micro-organismes de la matière organique en l'absence
d'oxygène. Ce processus se fait dans un centre de valorisation où l’on traite
les matières organiques comme une ressource plutôt qu’un déchet. On
obtient de cette dégradation la production de digestat qui sert
principalement à enrichir les terres agricoles, et du biogaz qui s'apparente au
gaz naturel et peut être utilisé de la même façon : combustion pour la
production d'électricité ou de chaleur, production d'un carburant pour les
véhicules, etc.
Autrement dit,
les résidus organiques sont une véritable ressource énergétique, tant pour
nos usages quotidiens que pour nos terres agricoles.
Sur le papier, la mise en place
de ce procédé semble incontournable. Or,
les retombées économiques par rapport aux coûts engendrés ont récemment été
remises en cause par une étude. L’organisme montréalais spécialisé en recherche
économique conclut que « la voie
de la biométhanisation apparaît comme des plus hasardeuses. Le potentiel de
revenus est extrêmement bas et ne justifie guère l’investissement requis ».
Selon les calculs de l’IREC, les usines de
biométhanisation sont de futurs « éléphants blancs ». Pour Montréal,
le coût des infrastructures fera que chaque tonne traitée coûtera 1 228 $
(contre 60 $ par tonne pour l’enfouissement et 100 $ par tonne pour
l’incinération). En contrepartie, les revenus qui seront obtenus tourneront
autour de 9 $ la tonne. « Les revenus ne seront pas suffisants pour
assurer la rentabilité des usines. C’est une technologie assez séduisante, mais
le coût pour les contribuables serait exorbitant », indique Robert
Laplante, coauteur de l’étude intitulée Du flou dans
les calculs, de l’eau dans le gaz.
Ce à quoi la présidente
du comité exécutif et élue responsable de l’environnement a répondu : « Ce n’est pas vrai qu’on n’a pas fait
nos devoirs. On travaille sur la question avec nos partenaires depuis 2008 et
on a visité plusieurs usines en Ontario. » Un avis partagé par la Ville qui
convient que la biométhanisation est un procédé onéreux, mais qui permettra à
terme de combler 16 % des besoins de gaz naturel de la ville.
En attendant une solution globale,
chaque personne peut agir localement en minimisant ses déchets organiques au
maximum.
En bref,
En bref,
Le levier
d'action principal du consommateur est de recycler pour diminuer son empreinte.
Pour plus d'information sur les bons gestes à adopter, la Ville de Québec met à
la disposition des citoyens et citoyennes une nouvelle édition de son Guide du
tri.
Cette
semaine de la réduction des déchets nous a permis une fois de plus de nous poser
les bonnes questions et d'agir en appliquant la démarche 3RV.
Ève Le Luyer adjointe chez Écologistik
Ève Le Luyer adjointe chez Écologistik
Bon article! Savez-vous ou est-ce qu'on peut acheter des ponts roulants?
RépondreSupprimerC'est intéressant
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